Le contexte

Écrite en 1768 La Supercherie réciproque est la seule oeuvre dramatique originale de Françoise-Albine Benoist. Dans cette pièce, l’autrice aborde la liberté des femmes et glisse des propos subversifs enrobés de moralisme afin d’éviter les censures royales et religieuses. Malgré un caractère prometteur admis par les chroniqueurs de l’époque, cette comédie en un acte et en prose n’a (à notre connaissance) encore jamais été jouée.

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Présentation de l'oeuvre

Adoptée dès son plus jeune âge par le Comte, Rosalie, jeune roturière orpheline, aspire à l’élévation sociale. Son réel statut est passé sous silence. Diapason, maître à chanter de profession, enseigne la musique à Rosalie. Afin de se séduire, ils vont s’inventer un rang qu’aucun d’eux ne possède. Rosalie ré invente le lien qui l’unit au Comte en se faisant passer pour sa nièce. Diapason quant à lui s’attribue l’étiquette de Marquis de Fléville, aidé de son valet Dubois. Aspirant tous deux à l’élévation sociale, ils voient dans leur rencontre l’opportunité de sortir de leur statut de roturier. Bien décidée à devenir Marquise de Fléville, Rosalie s’oppose au mariage projeté par le Comte avec le procureur fiscal : un parti « sans naissance » ne l’intéresse pas.

La révélation de la supercherie humilie les deux protagonistes. C’est dans cette scène finale que se joue la morale de la pièce. Les masques tombent et avec eux la vanité de Rosalie. Le pouvoir des sentiments prend alors le pas sur le pouvoir des titres. Rosalie et Diapason, reprenant tous deux leur réelle identité, se marient, renonçant ainsi à toute forme de noblesse et préférant l’amour et le « bonheur d’être en paix avec soi-même ».

Les personnages

Rosalie, Diapason, Lisette, Dubois, Paperar et Le Comte

Note d'intention

Un théâtre brut

Notre travail se concentre sur le jeu. Les décors resteront en coulisses. Seuls quelques costumes et accessoires nous accompagnent sur scène et permettent l’identification de chaque personnage. Le théâtre ainsi épuré retrouve son essence : le texte, les interprètes et le public. Pour nous, l’émerveillement de ce dernier naît de la relation organique créée avec les comédien-ne-s et non de l’artifice scénique. Chaque représentation réinvente cette relation unique.

Notre désir ? Troubler, émouvoir, pousser à la réflexion et à la remise en question. En d’autres termes, nous souhaitons impressionner (dans son sens premier) le spectateur : l’affecter d’une vive impression, laisser une empreinte. Cette notion rejoint la définition de l’art en général proposée par Jerzy Grotowski : un processus nous conduisant « de l’obscurité à la lumière, à l’illumination ».

Une distribution libre

L’idée d’une distribution non genrée nous tient à coeur. Nous partageons la vision d’un-e comédien-ne capable d’incarner tous les rôles, tous les sexes, toutes les physionomies, loin de toute convenance. Dans nos projets, un personnage n’appartient à aucun corps et parfois le hasard crée des rencontres heureuses et inattendues. Les comédien-ne-s acquièrent ainsi une totale élasticité organique leur permettant de jongler d’un personnage à l’autre. Nous interprétons donc les six rôles de La Supercherie réciproque à trois.

Nous travaillons sur les extrêmes du réalisme et de l’archétype. C’est à mi-chemin entre les deux que nous trouvons l’endroit de justesse du personnage. Nos recherches se sont concentrées sur le rythme des échanges et sur le flux verbal des répliques. Pour unifier le jeu, nous nous accordons sur chaque figure, sa voix et ses propriétés corporelles. Place ensuite à la spontanéité et aux libertés de jeu.