Le contexte
Écrites respectivement en 1657 et en 1664, L’amoureux extravagant et Le Vieillard amoureux ou l’heureuse feinte sont deux œuvres dramatiques de Françoise Pascal. Ces deux comédies en un acte mettent en miroir la cruauté des normes sociales sur l’individu, qu’elle soit celle du groupe social sur Philon dans L’amoureux extravagant, ou celle du Vieillard sur Isabelle.
Françoise Pascale utilise les codes du théâtre classique pour dénoncer en sous-texte les injustices et la cruauté de son époque.
Présentation de l'oeuvre
L'Amoureux extravagant
Philon est un noble au bon cœur mais sa tête est remplie de lectures mal assimilées. Incapable de faire la part entre le monde imaginaire de la mythologie classique et la réalité, et croyant à tort qu’il maîtrise les règles de la poésie, il se laisse facilement ridiculiser et voler par des aristocrates oisifs et le valet Cliton. Pourtant, il n’est pas totalement méprisable, car son amour pour Cloris est sincère : prêt à se battre contre Pluton luimême pour ramener sa bien-aimée des enfers, il n’hésite pas, quand le combat s’avère impossible, à dépenser une somme considérable pour la délivrer.
Le vieillard amoureux, ou l’heureuse feinte
Sans considération pour les besoins et les aspirations de sa fille unique, un barbon avare se fait duper dans sa recherche d’une jeune épouse : la belle qu’il affectionne se révèle être un jeune homme travesti, qui n’est autre que l’amant de sa fille.
Certains aspects de cette pièce font échos à une œuvre contemporaine de Molière, L’École des femmes, jouée à Paris en septembre 1662. Comme dans le théâtre de cet auteur, on notera surtout l’influence de la commedia dell’arte dans le choix des personnages et des situations : l’humour provient ainsi des lazzi de Philipin, qui se fait battre par les gardes de la ville, et de l’embarras de Cléandre travesti en dame de condition, qui doit improviser des réponses aux questions du Vieillard.
Les personnages
L'Amoureux extravagant
Cléandre, Dorinde, Tyrsis, Amaranthe, Philon, Cloris et Cliton
Le vieillard amoureux, ou l’heureuse feinte
Dorine, Vieillard, Soldat, Isabelle, Philippin, Cléandre et Aminte
Note d'intention
Un théâtre protéiforme
Notre travail se concentrera essentiellement sur le jeu. Pour nous, l’émerveillement du public naît de la relation organique créée avec les comédien-ne-s. Chaque représentation réinvente cette relation unique. Ceci étant dit, nous imaginons les interprètes évoluer sur un plateau décoré d’un mur à système rotatif, figurant d’un côté la façade d’une maison et de l’autre l’intérieur d’un ménage, une création lumière, quelques costumes et accessoires nous accompagneront sur scène.
Notre désir ? Troubler, émouvoir, pousser à la réflexion et à la remise en question. En d’autres termes, nous souhaitons impressionner (dans son sens premier) le spectateur : l’affecter d’une vive impression, laisser une empreinte. Cette notion rejoint la définition de l’art en général proposée par Jerzy Grotowski : un processus nous conduisant « de l’obscurité à la lumière, à l’illumination ».
Une distribution tirée au sort
L’idée d’une distribution non genrée nous tient à cœur. Nous partageons la vision d’un-e comédien-ne capable d’incarner tous les rôles, tous les sexes, toutes les physionomies, loin de toute convenance. C’est pourquoi nous proposerons au public de tirer au sort les partitions des interprètes afin de définir qui jouera quel rôle. Chaque représentation sera différente, avec une distribution unique. Ainsi, les comédien-ne-s, en plus de connaître par cœur l’intégralité des deux comédies, acquerront une totale élasticité organique leur permettant de jongler d’un personnage à l’autre.
Nous travaillons sur les extrêmes du réalisme et de l’archétype. C’est à mi-chemin entre les deux que nous trouvons l’endroit de justesse du personnage. Nos recherches se concentrent sur le rythme des échanges et sur le flux verbal des répliques. Pour unifier le jeu, nous nous accordons sur chaque figure, sa voix et son rapport au corps. Place ensuite à la spontanéité et aux libertés de jeu.