“ENTRE PAVÉS ET POUSSIÈRES POUSSENT LES FOLLES HERBES”
Qui n‘a jamais été surpris de constater avec quelle fougue les herbes folles parvenaient à jaillir d‘un pavé ou d‘une fissure ? Avec quelle détermination elles arrivaient à peupler notre monde du moindre petit recoin à la plus vaste étendue de champs ? Discrètes alors même que nous les rencontrons quotidiennement, elles sont indéniablement dotées d‘une incroyable capacité d‘adaptation.
Arrêtons tout ! Ne les arrachons pas. Laissons ces maillons de la biodiversité s‘épanouir et avec eux, le jardin d‘un théâtre vivace et piquant.
Nous sommes Jean-Malik, Léna et Guillaume, trois comédien-nes (et néanmoins ami-e-s) aussi ambitieux que lucides sur le monde dans lequel nous poussons.
Notre visée ? Éveiller le public, le questionner, faire prendre conscience… Bref, ne pas rester plantés là alors que nous pourrions partager tant de choses ensemble.
Pour nous, partager c’est pouvoir mettre en commun et s’inspirer des ressources, méthodes, et connaissances artistiques et personnelles de chacun-e. C’est aussi inclure le public dans nos choix artistiques, lui proposer une expérience active et non une consommation de divertissement passive.
L’inviter à se joindre à nos questionnements, à y participer activement.
Mais le partage ne vit pas seul ! Ils composent avec la bienveillance, l’exigence et l’inclusivité, le joli bouquet de nos valeurs.
La bienveillance c’est rebondir de façon constructive sur toutes les idées proposées, c’est choquer, émouvoir, bousculer les émotions sans pour autant violenter le spectateur et lui imposer un point de vue.
L’exigence c’est se remettre en question, jeter aux orties les idées qui ne prennent pas, pour s’améliorer sans cesse et atteindre l’objectif collectivement imaginé. C’est aussi cultiver le Jeu au plateau, la recherche et le renouvellement constant, remettre sans cesse en question notre rapport à la pièce. C’est réinterroger les formes du spectacle, s’adapter aux lieux, aux conditions : être protéiforme.
L’inclusivité c’est enfin faire germer l’idée d’un théâtre qui fait fi des genres aussi bien dans le jeu que dans sa communication. C’est redéfinir les figures sans hésiter à entrechoquer et briser les emplois, les genres, les styles, pour échapper à la sédimentation du Jeu.
Notre ligne artistique
Le matrimoine
Connaissez-vous Madame de Villedieu ? Ses pièces étaient jouées à la Cour du roi et Molière a d’ailleurs écrit le prologue de l’une d’elles. Vous ne la connaissez pas ? Alors vous connaissez sûrement Anne-Marie du Boccage, Françoise de Graffigny ou Madame Ulrich. Non plus ? Si vous ne connaissez pas ces noms c’est parce que ces autrices ont été effacées de notre histoire.
Les femmes existent en tant que muse, actrice, dans des rôles fulgurants que les poètes écrivent pour elles depuis la nuit des temps : Antigone, Cléopâtre, Lady Macbeth, Phèdre… Pourtant lorsqu’on regarde le répertoire français, leurs noms disparaissent au profit d’hommes comme Molière, Corneille, Racine, Marivaux : comme si la plume féminine n’avait jamais existé.
C’est lors des Assises de la Transmission théâtrale au prisme de l’égalité femmes/hommes, organisées par l’association HF que nous avons pris conscience de tout cela.
Ce 23 novembre 2019, Aurore Evain – actrice, metteuse en scène et historienne du théâtre – nous a fait découvrir l’existence des femmes dramaturges du répertoire classique.
De cette rencontre est né notre premier axe de travail : la réhabilitation des autrices invisibilisées. C’est avec engouement que nous travaillons à lever le voile sur leur existence, et motiver l’étude de leurs pièces.
Notre objectif ? Faire renaître le matrimoine.
Nos recherches nous ont menés à l’Anthologie du théâtre de femmes de l’ancien régime rédigée par Aurore Evain. Nous y avons découvert de nombreuses pièces d’autrices, dont La Supercherie réciproque écrite en 1768 par Françoise-Albine Benoist. Sélectionnée pour être notre première mise en scène, cette comédie en un acte a déjà été joué plus de trente fois entre 2021 et 2023. Pour notre deuxième création, deux courtes comédies de Françoise Pascal ont retenu notre attention : L’Amoureux extravagant et Le Vieillard amoureux, ou l’heureuse feinte.
Les Heureuses Feintes
La Supercherie Réciproque